Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 juin 2012 5 01 /06 /juin /2012 09:00

prison avec piscineVilla Magnolia est une charmante résidence située à Rome. Tous ses habitants se retrouvent autour de la piscine, notamment Filippo et son fidèle serviteur Isidro, surnommé «L'Indispensable». Depuis un accident de moto qui a brisé sa vie, Filippo est coincé dans un fauteuil roulant et broie des idées noires.

Mais sa routine et la tranquillité des lieux vont être perturbés par l'arrivée d'un nouveau locataire, un certain Rodolfo Raschiani. Il prétend être ingénieur et arbore d'impressionnantes cicatrices dans le dos. Après avoir sauvé d'une agression la petite fille d'une des résidentes, l'homme devient de plus en plus indispensable à la petite communauté.

Filippo décide d'enquêter sur le passé de cet homme, qui semble par ailleurs très bien le connaître...

Cette histoire aux allures de roman policier se lit avec beaucoup de plaisir : l'intrigue est bien menée et tout comme les habitants de la résidence, on est vite intrigué par le mystérieux Rodolfo, personnage au demeurant sympathique et ambigu, même si l'on connaît par la suite sa vraie identité, mais là, je ne vous en dirai pas plus ! 

 

-> Prison avec piscine, Luigi Carletti, éditions Liana Levi, 18.50€.

-> Lien vers le site de l'éditeur (avec un extrait du livre).

Partager cet article
Repost0
28 mai 2012 1 28 /05 /mai /2012 09:30

mai-en-automneMai en automne est une chronique familiale qui se passe dans la Normandie des années quarante.

 L'auteur nous raconte les destinées de plusieurs familles - les Vuillard, les Lamaury et les Laribière - mais en se focalisant sur certains personnages, tous féminins : Solange Laribière et ses amours malheureuses, Marianne Vuillard et sa folie, Hélène Darban et son désespoir, et enfin la jeune et étrange Marie Granville.

 

Premier et unique roman de Chantal Creusot, Mai en automne n'est pas une simple histoire remplie de "destins de femmes". Ici, point de romantisme déplacé, ni de grands sentiments, même si tout cela se passe essentiellement pendant la guerre, contexte dramatique qui reste en retrait pendant tout le roman.

Tout est dans l'esquisse et l'ambivalence et c'est ce qui fait le charme de ce livre, qui sort des sentiers battus.

Dommage que Chantal Creusot, aujourd'hui décédée, n'écrira pas d'autres livres, j'aurais aimé continuer à découvrir son univers...

-> Mai en automne, Chantal Creusot, éditions Zulma, 22€.

Partager cet article
Repost0
24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 09:00

le bon hiver«Je crois de plus en plus qu'il ne vaut la peine de lire un roman - en l'occurrence, un bon roman - que lorsqu'on a une question en tête pour laquelle on n'a pas de réponse. Ou, si on a la réponse, pour en avoir le coeur net.»

Après Le domaine du temps, voici le deuxième roman de João Tordo que publient les éditions Actes Sud.

Un écrivain raté rencontre un jeune Italien, Vincenzo, à Budapest en participant à un congrès sur la littérature. Autant le narrateur est hypocondriaque et misanthrope, autant Vincenzo est expansif et vivant. Le jeune homme arrive tout de même à l'entraîner en Italie, à Sabaudia, dans la demeure d'un producteur de cinéma mystérieux et extravagant, Don Metzger. Ils rejoignent dans sa résidence toute une foule d'artistes et de parasites qui profitent du luxe offert pour se livrer à des fêtes arrosées et sans fin, en l'absence du propriétaire des lieux.

Un seul personnage assez inquiétant veille au grain : Bosco, le meilleur ami de Metzger. Tous les deux ont un étrange hobby : Bosco fabrique des montgolfières que les deux hommes laissent s'échapper vides dans les cieux... Bosco ne semble pas apprécier la faune qui occupent les lieux et cela va empirer quand on va découvrir le cadavre de Metzger abandonné dans une barque... Pris de folie, Bosco va séquestrer et persécuter les personnes présentes pour trouver le coupable... L'ambiance jusque-là légère et folle va devenir très pesante, surtout que d'autres personnes vont être tuées...

On dirait que João Tordo est passé maître dans l'art de l'angoisse tant elle est menée à son paroxysme dans ce second livre. Si vous avez envie d'une lecture "détente", passez votre chemin, mais vous risquez de rater un bon roman !

 

« Le Bon Hiver, c'est comme ça que Metzger appelle l'été en Italie. Le bonhomme a une propriété dans le Sud du pays, quelque part entre Rome et Naples, près d'une ville côtière qui s'appelle Sabaudia. (...) Sabaudia est un drôle d'endroit, un croisement entre le cinéma réaliste approuvé par Vittorio Mussolini, le fils du grand dictateur, et le meilleur surréalisme de Fellini. Difficile à décrire. La ville a été construite sur ordre de Mussolini dans une vaste zone de marais asséchés. Son architecture est dans le plus pur style fasciste (...). Sabaudia a également été un lieu de villégiature pour Pasolini et Moravia

-> Le bon hiver, Joao Tordo, Actes Sud, 22.80€

 
Partager cet article
Repost0
20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 09:00

9782081274129chapeau mitterrandEnvie de fraîcheur, d'humour et de légèreté ? Il faut lire Le chapeau de Mitterrand !

Ce roman est un conte drolatique qui se passe dans les années quatre vingt. Le point de départ : Daniel Mercier, expert-comptable de son état, passe une soirée en célibataire à Paris, sa femme et son fils étant partis en vacances. Il décide de s'offrir un bon repas, un plateau de fruits de mer, dans une brasserie. Une fois au restaurant, sa surprise est de taille quand il voit François Mitterrand débarquer et s'installer pour dîner juste à côté de lui ! À la fin du repas, le président oublie son chapeau, et Daniel Mercier le récupère, un peu comme une relique, un souvenir de cette soirée si particulière... Sauf qu'il ne se doute pas que ce chapeau va changer sa vie !

En effet, il semblerait que le chapeau de Mitterrand donner pouvoir, volonté et chance à qui le porte... Il va passer entre plusieurs mains, au gré du hasard : celles de Fanny Marquant, une jeune femme qui n'arrive pas à se défaire d'une relation amoureuse et compliquée avec un homme marié, celles de Pierre Aslan, un grand parfumeur en pleine dépression après avoir connu la gloire, et celles de Bernard Lavallière, un homme de droite... Mais c'est sans compter Daniel Mercier, qui cherche à tout prix à récupérer le fameux chapeau.

Va-t-il y arriver ? Et le chapeau reviendra-t-il finalement à son illustre propriétaire ? Pour le savoir, il faudra lire ce roman, très plaisant et bourré d'humour : Le chapeau de Mitterrand est vraiment une bulle de fraîcheur dans la grisaille quotidienne !

 

«Le garçon revint, le Président passa commande d'une douzaine d'huîtres, et d'un saumon. Le gros commanda un pâté aux cèpes et une viande saignante, Roland Dumas suivit le Président sur les huîtres et le poisson. Quelques minutes plus tard, le sommelier revint avec un seau argenté sur pied où un nouveau pouilly-fuissé baignait dans la glace. Il déboucha la bouteille avec grâce et en versa une gorgée dans le verre présidentiel. François Mitterrand goûta et approuva d'un imperceptible hochement de tête. Daniel se resservit un plein verre qu'il but presque d'un trait , avant de prendre une cuillerée de vinaigre rouge aux échalotes pour en napper une huître. «Je l'ai dit à Helmut Kohl, la semaine dernière...»La voix de François Mitterrand accompagne sa dégustation et Daniel se dit que plus jamais il ne mangerait d'huîtres au vinaigre sans entendre : «Je l'ai dit à Helmut Kohl, la semaine dernière.» 

Extrait page 22.  

-> Le chapeau de Mitterrand, Antoine Laurain, éditions Flammarion, 18€.

Partager cet article
Repost0
9 avril 2012 1 09 /04 /avril /2012 09:00

la barque silencieuseJ'avais beaucoup aimé le dernier livre de Pascal Quignard, Les solidarités mystérieuses, et après avoir vu le spectacle Medea, autour d'un texte de cet auteur, au Théâtre Paris-Villette, je me suis plongée dans d'autres de ses livres.  

La barque silencieuse fait partie du cycle "Le dernier royaume", cycle d'une dizaine de volumes. Il n'est pas indispensable de le lire dans l'ordre de parution de chaque volume car il ne s'agit pas de romans à proprement parler mais plutôt d'un mélange de contes, d'histoires et d'essais.

Dans cet opus, la barque est le fil conducteur : Pascal Quignard débute son livre par une réflexion sur l'étymologie du mot cercueil (qui à l'origine était une barque sur laquelle on transportait des nourrissons), pour ensuite aborder divers thèmes comme l'athéisme, le suicide, la littérature, la lecture, la musique, le mythe... Une sorte de promenade littéraire où vous aurez de quoi picorer de beaux morceaux de littérature :     

« Montrer son dos à la société, s'interrompre de croire, se détourner de tout ce qui est regard, préférer lire à surveiller, protéger ceux qui ont disparu des survivants qui les dénigrent, secourir ce qui n'est pas visible, voilà les vertus. Les rares qui ont l'unique courage de fuir surgissent au coeur de la forêt 

Et voici un lien vers une video où l'auteur parle de La barque silencieuse.  

 

tous les matins du mondePour ceux et celles que La barque silencieuse peut effrayer, je vous conseille vivement la lecture d'un des romans les plus connus de l'auteur, Tous les matins du monde, adapté au cinéma par Alain Corneau.

Monsieur de Sainte-Colombe est un musicien talentueux, un maître à la viole de gambe. Veuf, il vit tel un ermite en compagnie de ses deux filles. Il refuse tous les honneurs, même ceux du roi Louis XIV. Mais un jour, un jeune homme du nom de Marin Marais se présente à sa porte, afin de devenir son élève.

Ce roman est un très court texte, mais Pascal Quignard a ce talent rare pour décrire l'essentiel avec peu de mots, des scènes magnifiques, parfois poignantes. Tous les matins du monde est un hommage à la musique, et une belle démonstration de littérature.

 

-> La barque silencieuse, Pascal Quignard, Folio, 6.20 €

-> Tous les matins du monde, Folio, 5.70 €

Partager cet article
Repost0
26 mars 2012 1 26 /03 /mars /2012 09:00

les lectures des otagesLe nouveau roman de Yoko Ogawa commence de manière plutôt sombre : huit touristes japonais sont pris en otages dans un pays étranger où ils étaient partis en voyage. Une ONG a réussi à introduire un enregistreur dans le lieu de leur détention. Mais l'assaut donné par une brigade antiterroriste tourne mal et tous les otages sont tués. Ne restent alors que ces témoignages enregistrés par ces huit personnes, qui se racontent à travers un souvenir particulier.

Huit otages, huit histoires, autant d'univers étranges : comme celui de la salle des propos informels B où ont lieu des réunions plutôt spéciales (par exemple, la réunion des "amis venant au secours des langues en situation critique"), ou ce grand-père qui vend des peluches bizarroïdes en forme de cafard, de scolopendre ou de chauve souris...

Quand on lit un roman de Yoko Ogawa, on entre toujours dans une autre dimension, un peu hors du temps, et Les lectures des otages ne déroge pas à cette règle. C'est entre autres ce qui rend l'univers littéraire de cet auteur si unique et si reconnaissable entre tous. 

 

 

« En gros, j'étais satisfait de ce travail. Il m'arrivait souvent de ne parler à personne de toute la journée, mais je ne trouvais pas cela triste. Tous les jours je prenais le même train afin de pointer à huit heures cinquante. À midi, quarante-cinq minutes, et à trois heures de l'après-midi quinze minutes de pause, à cinq heures j'arrêtais mon travail. Lors des heures supplémentaires, ce qui arrivait deux ou trois fois par mois, tout en mangeant des pains au chocolat achetés à la cantine des étudiants, je faisais de mon mieux pour me concentrer jusqu'au milieu de la nuit. Sans faire de détours, je rentrais directement à mon appartement (en passant devant la salle des réunions publiques) et les jours de congé je visitais le Muséum d'histoire naturelle. Le jour où je recevais mon salaire, je me payais le luxe d'une visite à la clinique d'acupuncture et de moxa, où je choisissais le parcours spécial pour délasser ma fatigue oculaire et mentale. Le soir venu je buvais un peu de whisky en regardant les fenêtres des appartements d'en face dans la cour. Je contemplais distraitement les silhouettes qui se reflétaient furtivement sur les rideaux.

C'était cela, ma vie.» (extrait page 64)  

 

-> Les lectures des otages, Yoko Ogawa, Actes Sud, 20€.

Partager cet article
Repost0
18 mars 2012 7 18 /03 /mars /2012 10:00

la soif primordiale« Les oracles n'ont pas cessé de parler, mais nous n'avons plus d'oreilles pour les entendre »

 

L'histoire se passe à Bueno Aires dans les années cinquante. Le jeune Santagio vient d'arriver dans la capitale pour devenir l'apprenti de son oncle, spécialiste dans la réparation des machines à écrire. Un de ses clients les plus importants est le journal Últimas Noticias, chez qui Santagio va être embauché pour réparer quotidiennement les machines des journalistes... Le jour où le responsable de la rubrique ésotérique du journal meurt, le rédacteur en chef le fait remplacer par Santiago, qui va aussi devenir informateur du ministère de l'occulte, chargé de surveiller toutes sortes d'événements étranges.

C'est ainsi que Santiago va faire la connaissance des antiquaires, autrement dit des vampires. Son enquête sur les antiquaires va le mener jusqu'à la librairie La Forteresse, gérée par Carlos Calisser, surnommé le Français... 

Encore une énième histoire de vampires, me direz-vous. C'est aussi la réflexion que je me suis faite avant de commencer ce roman, mais si Pablo de Santis s'empare à son tour du mythe du vampire, il ne s'attache pas trop folklore habituel hormis la soif de sang à laquelle les antiquaires essaient d'échapper en buvant un élixir. Car ces antiquaires n'ont aucune envie de régner sur les humains, ils veulent juste qu'on les laisse tranquilles...

Une atmosphère de plus en plus étrange règne à mesure que l'on avance dans le roman, où les (vieux) livres sont omniprésents.

Au final, on passe un agréable moment de lecture avec cet auteur argentin, et on se dit que le mythe du vampire a décidément de beaux jours devant lui.

 

« C'était toujours moi qui entamait la conversation.

 - Quand on aime les livres, cela doit être dur de les vendre. Vous n'avez pas la tentation de tous les garder et de renvoyer les clients ?

Calisser éclata d'un rire semblable à un ronflement.

- Ce n'est pas la tentation des libraires. Notre rêve, c'est de brûler tous les livres.»

 

-> La soif primordiale, Pablo de Santis, éditions Métailié, 18.50€.

Partager cet article
Repost0
14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 10:00

la belle annéeJ'avais passé un très bon moment de lecture avec un autre livre de Cypora Petitjean-Cerf, Le film, et le plaisir fut le même avec son nouveau roman, La belle année.

Tracey a onze ans, elle vit à Saint-Denis, et elle vient de rentrer en sixième. Ses parents sont séparés : elle vit avec sa mère et son beau-père, Takashi, qu'elle n'aime pas trop. Son père vit dans un immeuble voisin, il a peur de sortir et vit aux crochets de sa mère abusive. Et le meilleur ami de Tracey s'appelle Cosimo.

Tracey nous fait donc découvrir son petit monde et ses interrogations sur la vie, le temps d'une année qui va s'avérer riche en surprises, dont surtout une : Tracey va découvrir l'amour, un peu malgré elle.

La belle année est un livre très drôle : Tracey n'a pas la langue dans sa poche, son imagination est débordante et ses réflexions sur la vie sont assez irrésistibles, tout comme les conversations avec son beau-père, dont l'accent japonais est parfois incompréhensible.

Et ce roman a aussi le mérite de se passer en banlieue sans présenter un aspect glauque du fameux 93.  C'est sûr, La belle année vous donnera forcément la banane, coincé(e)s que vous êtes dans la grisaille du métro !

 

"Parfois, je visite en cachette un site sur Hokusai. Ce dernier a peint des fleurs, des papillons et des cadavres, mais aussi beaucoup de scènes sexuelles. Je me demande si les gens de l'époque exposaient ça chez eux. Les zizis sont pleins de vrilles et les sexes féminins ressemblent à l'intérieur des sandwichs grecs, les döners que bouffent les gars à la sortie du métro Basilique. Une fois que je commence à regarder ces trucs, j'ai du mail à m'arrêter. Heureusement, je possède mon propre ordinateur, une vielle bécane que papa a trouvée dans la rue et fait réparer par son copain Abilio. Le jour où mon PC est arrivé à la maison, maman a filé à la FNAC des Halles. Deux heures plus tard, elle revenait avec un Macintosh flambant neuf.

« Ça au moins, c'est du bon matériel ! elle m'avait sorti. Pas comme ton ordinateur à clochards.»

Je précise que sa merveille technologique à deux mille euros n'a pas servi une seule fois depuis."

 

-> La belle année, Cypora Petitjean-Cerf, Stock, 19.50€. 

 

Partager cet article
Repost0
6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 10:00

journal-d-un-corps-pennac.jpgAu départ, le sujet ne me tentait guère. En effet, presque quatre cent pages centrées uniquement sur le corps, cela me semblait un peu excessif. Mais, suite à une certaine émission de radio dont la dithyrambe m'a interpellée, j'ai décidé de tout de même jeter un oeil dans ce texte dont je craignais qu'il ne se limitât à une énumération de sensations physiques plus ou moins enrobée de littérature. Comme vous le voyez, j'y allais vraiment à reculons.

Mais, et c'est ainsi que l'on fait le tri entre les vrais bons auteurs et les autres, j'avais oublié que celui-ci n'était autre que Pennac, et Pennac, justement, fait partie de ceux qui peuvent faire oeuvre de n'importe quoi. Enfin, pas de n'importe quoi puisque c'est d'un corps qu'il s'agit ; il n'a pas choisi le corps comme point de départ pour parler d'autre chose : C'EST le journal d'un corps, de ses bonheurs, de ses tracas, des ses douleurs et de ses ravissements. Même si le narrateur se permet quelquefois des appartées sur le corps des autres - sa femme, ses enfants... -, le centre et les bords du roman tournent intégralement autour de son seul nombril et l'on reste uniquement dans ce que l'on pourrait appeler la trivialité de l'existence. 

Mais de cette trivialité même, Pennac tire un texte d'une littérarité impressionnante, sensible, profonde, en jouant sur les mots, leurs sens cachés et, sans avoir l'air d'y toucher, tresse comme par hasard les résonances psychanalytiques qui affleurent mais dont on se rend bien compte qu'elles ne sont pas le sujet, que ce n'est pas de ça dont il veut parler. Lui, c'est le corps qui l'intéresse.

Le roman est composé de paragraphes plus ou moins longs - cela peut être une simple phrase - correspondant aux entrées journalières du narrateur. Comme celui-ci n'écrit que lorsque son corps se manifeste, ces paragraphe peuvent se lire indépendamment les uns des autres. C'est dans cette construction que se déploie tout le talent de Pennac : chaque texte est une entité, indépendant du reste. Chaque texte est fini : Pennac explore son sujet, le développe et le clôt. Quelque soit la longueur de cette entrée, celle-ci forme un tout. Et c'est avec ces centaines de textes refermés sur eux-mêmes qu'il nous raconte l'histoire extrêmement touchante de cet homme, qui vécut par ailleurs bien d'autres vie que celle de son seul corps.

 

PS : Et comme dans tout les Pennac, c'est plein d'humour, j'ai énormément ri.

 

-> Journal d'un corps, Daniel Pennac, Éditions Gallimard, 22€

Partager cet article
Repost0
29 février 2012 3 29 /02 /février /2012 10:00

affiche-The-Descendants-2011-3-76133"Chaque fois que j'atterris sur la Grande Île, j'ai l'impression de remonter le temps. Hawaïi paraît désolée, comme si elle venait d'être frappée par un tsunami.

J'emprunte la route familière bordée de caroubiers épineux, de plages de sable noir, de cocotiers dans lesquels babillent des perroquets sauvages. L'air fraîchit. Un léger vog - ce mélange de brouillard et de cendres volcaniques qui sent la poudre à canon - recouvre tout, accentuant cette impression d'abandon et de destruction. Je roule entre les champs de lave noire, striés de cette roche crayeuse qu'utilisent les jeunes pour leurs déclarations d'amour. Ce sont les graffitis de notre île. Keoni aime Kayla, Fierté hawaïenne, et le plus élaboré : 6 tu lis ça T gay. Parmi les rochers aux arêtes brutales, j'aperçois des heiau et des pierres empilées sur des feuilles de thé, des offrandes aux dieux." (extrait page 89. Note : le heiau est un temple indigène dédié à un dieu ou une déesse.)

 

Hawaii est un lieu qui fait rêver mais l'histoire racontée dans Les descendants est loin d'être féérique...

Matthew King doit souvent rendre visite à sa femme, la belle Joanie, qui est dans le coma à l'hôpital, à la suite d'un grave accident de bateau. Comme son état reste stationnaire, sans aucune amélioration possible, et conformément à ses souhaits, elle va être débranchée par les médecins. Matthew doit annoncer la nouvelle à ses deux filles, Scottie, dix ans, et Alexandra, dix-sept ans. Mais ses relations avec elles sont loin d'être faciles, car Matthew a toujours été un père du genre absent. 

En plus de cela, Matthew doit aussi gérer une affaire familiale assez urgente : issu d'une des plus vieilles familles hawaïennes (avec une ancêtre princesse, s'il vous plaît !), Matthew a la charge de décider si des terres doivent être vendues ou non, au nom de tout son clan... Et pour s'ajouter à tout cela, il découvre que sa femme avait un amant ! 

Avec ses filles, il décide alors de retrouver cet homme pour lui apprendre que sa femme va bientôt mourir...

Dans son livre, l'auteur nous décrit la prise de conscience de ce père souvent dépassé par les événements. Elle est loin d'en faire un héros, et elle donne souvent plus d'importance à ses filles mais la fin du livre, qui m'a tirée quelques larmes, je dois l'avouer, nous rapproche vraiment de cet homme.

Les descendants est un roman touchant, et je suis assez curieuse d'en voir l'adaptation cinématographique, avec George Clooney dans le rôle titre, chose que ne pouvait pas imaginer cette jeune auteur à la rédaction de son livre, comme le prouve cet extrait, assez amusant :

"Scottie et moi arpentons le couloir. Sur son T-shirt on lit : Mme Clooney, et elle porte des sabots qui claquent à chaque pas."

 

-> Les Descendants, Kaui Hart Hemmings, Éditions Jacqueline Chambon, 22.80€.

PS : l'article est illustré par une affiche du livre et non du livre : je ne pouvais pas résister à l'envie de mettre George en caleçon !

Partager cet article
Repost0

Les libraires du Parc bloguent !

Découvrez l'actualité de la librairie du Parc / Actes Sud : nos coups de coeur , nos dédicaces...
Vous trouverez de tout (et surtout votre bonheur!) à la librairie du Parc, et pas uniquement les livres des éditions Actes Sud. Ici on aime la littérature, les livres pour enfants, la bande-dessinée, les sciences-humaines... Bref, tout ce qui est beau et bien écrit ! Venez découvrir notre quotidien !
Et retrouvez-nous sur notre page Facebook !

 


 

Recherche

Comment venir à la librairie ?

Archives

Les services de la librairie

La librairie propose une carte de fidélité qui vous permettra d'obtenir sur votre 8ème achat  une remise de 5% calculée sur la valeur des sept premiers achats. N'hésitez pas à nous la demander !
La librairie propose aussi une remise de 5% sur présentation de la Carte Villette et de la Carte Cité des Sciences ainsi qu' au personnel du Parc de la Villette (sur présentation du badge professionnel).
Si vous ne trouvez pas un livre en rayon, vous pouvez le commander sur place (sauf les livres scolaires).

Collectivités, médiathèques, écoles peuvent s'adresser à la librairie pour toute commande de livres, et nous sommes à votre disposition pour établir un devis.
Les prix : la loi dite Loi Lang a fixé le prix unique du livre, celui établi par l'éditeur.

Notre coup de coeur du moment !

 Orphelins de Dieu

Orphelins de DieuMarc Biancarelli, Actes Sud, 20€