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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 09:00

sermon sur la chute de RomeDeux jeunes gens, Matthieu et Libero, étudiants en philosophie et amis depuis l'enfance, reprennent un bar en faillite dans un petit village corse. Malgré leur inexpérience, l'affaire marche bien, très bien même. En parallèle à cette histoire, Jérôme Ferrari nous raconte des épisodes de la vie de Marcel, le grand-père de Matthieu, une vie ratée, bercée par les illusions du rêve colonial.

Très vite, on se doute qu'un drame se prépare à l'issue du livre.

Le dernier roman de Ferrari est un livre aux multiples lectures : on peut se contenter de lire l'histoire de ces deux jeunes gens au premier degré et on peut aussi la relier à la pensée de Saint-Augustin, fil conducteur omniprésent dans tout le récit, que l'on peut voir comme une démonstration de ce que le philosophe a exposé dans ses sermons sur la chute de Rome...

Et surtout, l'écriture de Jérôme Ferrari est toujours aussi magnifique, maîtrisée et entraînante, via une histoire qui nous tient en haleine jusqu'à son issue fatale.

"Meilleur roman de la rentrée " pour certains, il en va ainsi des enthousiasmes journalistiques, et tant mieux si cela tombe sur cet auteur dont le talent le mérite.

Alors si vous avez aimé ce sermon, lisez vite Un dieu un animal, sorti en poche depuis peu, et Où j'ai laissé mon âme, que nous avions  adorés à la librairie !

 

-> Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari, Actes Sud, 19€. 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 09:00

Nous les avions aimés en grand format, nous les aimons encore plus en poche :

 

Marie Blancheelles vivaient d'espoirFerdinand von Schirach dresse un constat clinique et effrayant de la justice dans Crimes (Folio, 6.50€).

 

Jim Fergus revisite son histoire familiale et règle ses compte avec mère-grand dans Marie Blanche (Pocket, 9.10€).

  

Énorme coupe de coeur de l'année 2010 : Elles vivaient d'espoir de Claudie Hunzinger (J'ai Lu, 7.10€).

 

Iegor Gran se met les écolos à dos mais il s'en moque dans L'écologie en bas de chez moi (Folio, 5.95€).

 

Prix Médicis étranger en 2011, David Grossman nous avait impressionnées avec Une femme fuyant l'annonce (Points, 8.90€).

 

Au total, moins de quarante euros de littérature, ma bonne dame et mon bon monsieur !

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 09:00

la marche en foretLa marche en forêt nous raconte l'histoire de la famille Brûlé, au Québec.

Un événement important marque le début du livre : la mort de la grand-mère Brûlé, Thérèse.

Quelques mois après son décès, son mari Fernand se trouve une nouvelle femme, beaucoup plus jeune que lui, ce qui n'est pas au goût de ses enfants...  

Chaque chapitre laisse la parole à un membre de la famille. Un personnage récurrent apparaît : elle s'appelle Alma et ne figure pas dans le grand arbre généalogique des Brûlé, que l'on trouve au début du roman. On comprend que son histoire se passe à une époque bien antérieure à l'intrigue initiale.  Alma est une sorte de femme sauvage, qui vit dans la forêt, a eu des enfants puis un jour a quitté son foyer pour partir à l'aventure... Je ne vous dirai pas quel lien il y a entre Alma et les Brûlé, vous le découvrirez à la fin de l'histoire.

 

Catherine Leroux signe un premier roman réussi, basé certes sur une thématique vue et revue en littérature, à savoir les histoires de famille.  La marche en forêt est un livre à l'intrigue bien menée et qui réussit à entraîner le lecteur dans cette saga familiale dès les premiers chapitres, un peu énigmatiques...

  

"Une fois endormie, Nicole retrouve sa mère. Elle a souvent rêvé à Thérèse depuis sa mort, mais cette fois-ci est différente. Nicole est parfaitement lucide. Elle revit un souvenir qui s'était perdu dans sa mémoire. Thérèse est assise à la table de la cuisine avec Amélie, l'enfant du milieu de Françoise et Normand.  La fillette a environ neuf ans, mais elle dessine très bien. Elle explique son oeuvre à Thérèse. C'est un portrait de famille. Amélie raconte que tous les membres de la famille sont attachés par le nombril par un rayon de lumière, qui ne se brise jamais.  Thérèse écoute attentivement, elle questionne : "Il est gros, le rayon ? Est-ce que c'est comme une corde ?" La petite réfléchit. "Non. C'est comme un tuyau. " Nicole s'entend rire, et sa mère lui jette un regard désapprobateur.  Puis elle se tourne vers Amélie, lui dit que cette lumière vient des anges et qu'il ne faut jamais l'oublier."

Extrait page 76.

 

-> La marche en forêt, Catherine Leroux, éditions Carnets Nord et Montparnasse, 19€.

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20 septembre 2012 4 20 /09 /septembre /2012 09:00

smockey-nelson.gifEncore une fois, Catherine Mavrikakis frappe un grand coup avec ce roman : une exécution capitale, quatre protagonistes et un portrait dévastateur du sud des États Unis.

Smokey Nelson -jeune noir de 19 ans- a massacré une famille blanche dans un motel, en 1989. Il a été formellement identifié par Pearl Watanabé, employée du motel, et le témoignage de celle-ci a permis d'innocenter Sydney Blanchard, que l'on avait dans un premier temps arrêté pour ce quadruple meurtre.

Smokey Nelson a été condamné à mort. Dix-neuf ans plus tard, son exécution est programmée pour le 15 août.

On suit tour à tour Sydney, Pearl et le père de la femme assassinée, Ray Ryan. Trois voix, trois personnalités, trois façons de considérer les autres et soi-même. Catherine Mavrikakis habite ses personnages, et au travers de ces destins individuels, trace une empreinte des fossés de plus en plus profonds, des ravins, isolant chaque individu de ses contemporains dans cette Amérique précédant l'élection d'Obama.

Le roman se clôt sur la voix de Smokey Nelson.

 

"Sydney Blanchard 

Je me trompe de nom, Betsy... Oui, je veux plutôt parler de ce Smokey Nelson en fait qui va être exécuté demain... Le pauvre type... J'ai paniqué quand je l'ai aperçu à la télé... Nos vies se sont croisées... Il m'aurait laissé pourrir en prison, le salaud, et j'aurai très certainement été mis à mort demain si la gérante du motel n'avait pas témoigné ! Une chic bonne femme... Traumatisée par l'affaire. C'est sûr... Mes parents ont été ébranlés, eux aussi ! Ils ont mis du temps à s'en remettre ! Je ne sais pas ce qui leur serait arrivé si l'erreur sur la personne n'avait pas été reconnue... Ils ne disaient plus un mot... A son salon de coiffure, ma mère fermait sa gueule... Elle avait honte et pleurait devant ses clientes qui étaient mal à l'aise pour elle... Mais ils ont pu reprendre du poil de la bête avec les années, mes parents... Oui, ils ont connu à nouveau de beaux jours... puis il a fallu qu'il y ait cette traînée de Katrina ! " Extrait page 118-119.

-> Les derniers jours de Smokey Nelson, Catherine Mavrikakis, Éditions Sabine Wespieser, 22€.

-> Lire notre avis sur le premier livre de Catherine Mavrikakis : Le ciel de Bay City.

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 09:00

la grande bleueLa grande bleue est un roman dont chaque chapitre égrène une année de la vie de Marie, de 1967 à 1978. 

Marie a dix-sept ans, elle vit en Franche-Comté, et elle fait la folle avec sa meilleure amie Delphine. Mais l'avenir qui se profile devant elles, c'est l'usine.

Puis Marie rencontre Michel, bûcheron, tombe enceinte et se marie à dix-huit ans.

Le train-train de la vie de famille s'installe, entrecoupé de visites à Ivan, le frère de Marie, qui a été interné en hôpital psychiatrique après son retour d'Algérie.   

Marie va devenir ouvrière chez Peugeot.

Il y aura aussi les vacances dans le sud de la France, les retrouvailles avec Delphine qui a rejoint le mouvement des ouvriers de Lip...

Marie rêve d'une autre vie, pourtant son destin semble tout tracé par sa condition sociale... 

C'est toute une époque que Nathalie Démoulin décrit en filigrane : les années 70, tous les chamboulements qui s'y passent, et la condition ouvrière.

Chronique sociale, portrait de femme, La grande bleue est tout ça à la fois, servi par une magnifique écriture.

   

"Michel finit par la prendre par le bras et la conduire dehors, on s'enferme dans la voiture et avant de démarrer on s'embrasse, lui a des brins de tabac emmêlés dans la moustache, elle a gardé ce goûtde cerise. On voudrait être vierge, à nouveau, sans le poids de tout ce que l'on vient de vivre, en trois ans, qui nous a non seulement changée, mais perdue. On s'étonne de pouvoir rentrer chez soi sans appuyer sur la sonnette. Eh bien oui, on s'appelle Brulhard. Dans le salon, on a conduit le feuillage du philodendron afin qu'il grimpe le long du mur et jusqu'au dessus de la baie vitrée. L'ourson rose qu'on ramasse par l'oreille, c'est celui de notre fille. Le visage qu'on aperçoit de biais et de loin, par un curieux accident de perspective, à travers les portes ouvertes du séjour et de la salle de bains, dans le miroir au-dessus du lavabo, c'est bien le nôtre, avec ses pommettes marquées, trop larges. Le temps que Michel aille chercher les enfants chez les Sauvageot, on reste seule, on voudrait commencer quelque chose, on remplit une casserole d'eau, on allume la lumière dans toutes les pièces, on a une paire de chaussons à la main, on marche sans bruit d'une fenêtre à l'autre, en posant la main sur le radiateur on croit qu'on va la brûler, et puis non, on repart, on craque une allumette, on a les chaussons aux pieds maintenant, et dans la main une poignée d'oeufs, qu'on laisse glisser dans l'eau frémissante, un par un. On voudrait donner à chaque chose un nom unique. (...) Michel a pensé à rapporter un sapin, on passe la soirée à guider la main d'Angèle pour poser les guirlandes et accrocher de grosses boules dorées. On chante un peu faux. On a la voix qui tremble."

Extrait page 64.

 

-> La grande bleue, Nathalie Démoulin, Le Rouergue, 18.80€.

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1 septembre 2012 6 01 /09 /septembre /2012 09:00

la survivanceQue peuvent les livres (...)? Où est leur puissance ? Car ils en ont une qui peut nous accompagner jusqu'à l'extrême survie. Celle de nous ouvrir la dimension du rêve ? Celle de repousser les limites de la réalité ? Celle de nous fournir un contre-poison ?De cela j'avais été sûre, et soudain ne l'étais plus.

 

Un couple de libraires, Sils et Jenny, la soixantaine, met la clef sous la porte pour cause de faillite. Comme ils n'ont plus de toit pour vivre, ils doivent aller s'installer dans une vieille bicoque, La Survivance, en pleine montagne vosgienne, dans le massif du Brézouard.

Jenny raconte donc leur installation, avec leur ânesse Avanie et leur chienne Betty. Même s'ils se sentent décalés dans cette époque, "pas doués pour la vie matérielle" comme Jenny aime à le rappeler, ils doivent faire en sorte de pouvoir survivre au prochain hiver, à près de mille mètres d'altitude... Entre l'élaboration d'un potager, la réparation de la toiture, et la découverte de la faune locale, Jenny et Sils deviennent de vrais robinsons.

Les livres sont omniprésent dans ce roman et aussi la peinture. Jenny parle souvent du retable d'Issenheim, peint par Grünewald au XVIème siècle. Selon la légende, Grünewald allait souvent dans le massif du Bézouard, réputé à l'époque pour ses mines d'argent, afin de collecter des minéraux pour fabriquer ses pigments de couleurs.

Si la perte est le thème central du roman, c'est aussi le récit d'une résistance. Jenny et Sils savent qu'ils sont perdants car ils sont les représentants d'un monde voué à disparaître, mais ils savent aussi qu'ils sont libres... C'est pour cela que l'on referme ce livre avec un énorme sentiment d'espoir.

Vous l'avez compris : La Survivance est un gros de coup de coeur dans cette rentrée littéraire cuvée 2012, tout comme l'a été son précédent roman paru en 2012, Elles vivaient d'espoir.  

 

(...) nous étions une sorte d'arche en compagnie des restes périmés, devenus incongrus, d'une civilisation de l'écrit, tandis qu'autour de nous montaient l'eau d'innombrables écrans plasma et autres inventions, annonçant un monde fabuleux, bien plus fort que l'ancien. Encore plus destructeur. Encore plus dangereux.

 

-> La Survivance, Claudie Hunzinger, Grasset, 18€.

-> Lien vers le livre sur le site de l'éditeur.

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18 juin 2012 1 18 /06 /juin /2012 09:00

Voici une petite sélection d'ouvrages que nous avions beaucoup aimés et qui viennent de sortir en poche tout récemment : rien que du bon à prix mini !    

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Pour les amateurs de lutte sociale : D'acier, Silvia Avallone, Piccolo, 12.50€.

 

Pour les désespérés de la vie :  Un dieu un animal, Jérôme Ferrari, Babel, 6.70€.

 

Pour les amateurs de romans noirs à l'écriture transcendante : Bienvenue à Oakland, E. M. Williamson, Points, 7.30€.

 

Pour les nostalgiques : Mary Ann en automne, Armstead Maupin, Points, 7.40€.

 

Et pour les amateurs de sensations fortes : Le Léopard, Jo Nesbø, Folio Policiers, 9.10€.

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13 juin 2012 3 13 /06 /juin /2012 09:00

le grand coeurJean-Christophe Rufin revient à sa veine historique avec ce roman sur la vie de Jacques Coeur, qui fut le grand argentier du roi Charles VII.

D'abord, grand argentier, ça veut dire quoi ? En gros, cela consiste à frapper la monnaie, mais Jacques Coeur ira bien au-delà de ce rôle. Grâce à son réseau de comptoirs dans tout l'orient, il pourvoit en biens luxueux la cour royale qui en est très friande, et il acquiert ainsi une immense fortune, ce qui lui permettra de financer le roi dans ses entreprises guerrières.

Pourquoi cet intérêt pour Jacques Coeur, me direz-vous. En fait, comme l'auteur l'explique à la fin de son ouvrage, il est originaire de Bourges, la ville natale de Jacques Coeur, et l'histoire de cet homme a bercé l'enfance de Rufin.

Il faut dire que sa vie fut passionnante, et qu'elle constitue une trame idéale pour laisser aller son imagination, ce que n'a pas manqué de faire l'écrivain, mais avec le talent pour nous faire croire que l'histoire pourrait être vraie...

 

Agnes SorelCharles VIIC'est un roman de facture classique : le narrateur, Jacques Coeur, raconte son histoire au déclin de sa vie. Il a eu de nombreux ennemis, et parmi les premiers, le roi lui-même,  jaloux de sa fortune et de ses succès. Personnage ambigu, Charles VII accède au pouvoir, grâce, entre autres, à Jeanne d'Arc, qu'il ne sauvera pourtant pas des griffes anglaises... Falot d'apparence, cet homme sait utiliser ses faiblesses pour attirer les personnes qui lui seront les plus utiles et Jacques Coeur en fait partie. Mais Coeur a aussi eu des amis, notamment Agnès Sorel, la maîtresse du roi, qui deviendra le grand amour de sa vie.

 

J'ai beaucoup apprécié la façon dont Rufin a construit son personnage. Contrairement aux apparences, Coeur n'est pas mené par l'argent mais par ses rêves. Il rêve d'ailleurs et cet ailleurs va prendre forme pendant son enfance quand un vieux gitan va lui montrer un léopard, récupéré par je ne sais quel moyen. Et c'est ce léopard qui va mener Coeur jusqu'en orient, bien des années plus tard... Mais sous le poids des richesses et des responsabilités, il en vient presque à oublier sa véritable nature, et c'est seulement sa décadence qui lui fera ouvrir les yeux et lui rendra la sérénité. C'est aussi un visionnaire sans le savoir : il pressent la fin de la féodalité et qu'une société nouvelle est en train de naître.  


Rufin a voulu rendre hommage à ce personnage et ce roman est très réussi, vous serez certainement embarqués comme moi j'ai pu l'être pendant  ma lecture : Le grand Coeur est donc impérativement à mettre dans vos valises pour cet été !

 

-> Le grand coeur, Jean-Christophe Rufin, éditions Gallimard, 22.50 €.

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9 juin 2012 6 09 /06 /juin /2012 09:00

banquet des affamesLe banquet des affamés est un roman sur la vie de Maxime Lisbonne, une figure de la Commune de Paris mais pas seulement.

Soldat en Russie puis en Algérie, Maxime Lisbonne, de retour à Paris, devient communard. Arrêté, il échappe de peu à la condamnation à mort, mais c'est le bagne en Nouvelle Calédonie qui l'attend.

Homme de théâtre, il dirige entre autres les Folies Saint Antoine et Les Bouffes du Nord. Ami de Louise Michel, il adapte ses pièces. Même si le succès est là, Lisbonne est souvent endetté et doit mettre plusieurs fois la clef sous la porte. Pourtant, il n'est pas à court d'idées pour faire venir le populo, comme par exemple avec La Taverne du Bagne où les clients sont servis par des bagnards. Il aura aussi l'idée de créer un "Resto du Coeur" avant l'heure, distribuant des repas gratuits dans son Banquet des Affamés. 

Didier Daeninckx signe ici un roman nerveux, rapide, foisonnant, à l'image de son héros qui, on peut le dire, a vécu plusieurs vies en une seule. L'auteur rend hommage, et c'est un bel hommage,  à un homme sans concessions, qui s'est toujours battu pour ses idéaux. 

« Ils ont du bagout, des phrases toute prêtes, des éclats de voix voulus, des exclamations opportunes, des adverbes intransigeants : tout ça doit tomber à pic, produire son effet, épater la galerie ; et des admirateurs naïfs bavent béatement, allongeant leurs oreilles, écarquillant leurs quinquets, agitant les battoirs. Les socialistes en toc choisissent leur garde du corps, recrutent leur escorte, éliminent les gêneurs : dans les faubourgs on parle d'eux. C'est tout ce qu'ils demandent.

Car ils se foutent de la Révolution comme de leur premier grimpant. Ils vivent du socialisme comme le vautour vit de la charogne, comme le proprio vit du locataire : ils le dépècent. On le rencontre partout, le socialiste en toc. (...) Ça marche comme Artaban, dédaigneux de la «populace» ; ça se rend à son punch ou à sa réunion, où tout à l'heure ça va gueuler contre l'«infâme capital» la panse remplie, le gousset garni, humant le trabucos, tirant des plans pour exploiter les meurt-de-faim et vivre joyeusement.

Et demain, quand ça sera abreuvé de consommations de choix payées par le pauvre bougre, ça insérera en première page dans son canard un article furibond ; ça crachera rouge sur le bourgeois ; ça fera peut-être un appel à la révolte ! » (extrait page 178).

 

-> Le banquet des affamés, Didier Daeninckx, Gallimard, 18 €.

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5 juin 2012 2 05 /06 /juin /2012 09:00

bon-retablissement.jpgQue c'est agréable de lire un livre de Marie-Sabine Roger. Elle sait s'emparer du quotidien comme personne, elle a toujours cet art de la formule, ce regard incisif qui vous fait frissonner de contentement. Marie-Sabine Roger raconte la vie de tous les jours à travers des héros disons habituels : le voisin de palier, la petite vieille du parc, une jeune à capuche que l'on croise tous les jours. Marie-Sabine Roger les incarne et les habite à tel point qu'on les reconnaît, qu'on les sent familiers.

Ici, elle s'empare d'un homme pas encore vieux - 67 ans- mais qui à la suite d'un accident, se retrouve immobilisé à l'hôpital. Occasion d'un retour sur soi, d'un bilan de vie et aussi d'une peinture très juste, et vous pouvez me croire, de la vie à l'hôpital ou en clinique.

Pas très joyeux me direz-vous, mais on sourit beaucoup (voir on rit beaucoup) devant les sorties délectable de ce grincheux réaliste. Et une vie, entremêlée d'un quotidien, s'expose petit à petit. Et des rencontres aussi. Et tout va bien ! Et que c'est bon !

Bref, un livre dont il serait dommage de se priver en ce début d'été rieur, une occasion à ne pas manquer de ré-humaniser notre quotidien.

 

" Les journées commencent tôt, six heures du matin, ce qui laisse du temps pour déprimer, ensuite. L'infirmière du matin pousse la porte d'un grand coup, comme un cow-boy entrant dans un saloon, allume le plafonnier qui me brûle les yeux, clame bonjouuuur ! d'une voix trop puissante pour mes oreilles ensommeillées et, sans attendre de savoir si je suis reveillé (mais je le suis, merci), elle contrôle ma tension et température.

   J'ai droit à deux cachets blanc dont je ne connais ni le nom ni le rôle, puis elle complète le tableau accroché au pied de mon lit, éteint enfin le néon incendiaire, et sort - sans refermer la porte - en me souhaitant une bonne journée, mais sans aucune ironie de sa part.

    Ensuite une des dames de service, toujours de bonne humeur, apporte le petit déjeûner, deux biscottes neurasthéniques, une dosette de confiture qui n'a pas dû croiser beaucoup de vrais fruits dans sa vie et un yaourt nature.

    Invariablement, même si elle m'a déjà vu la veille ou l'avant-veille, elle demande :

- Qu'est-ce qu'il voudra, ce monsieur, ce matin ?

Sortir d'ici, bon dieu, sortir !

- ... du café, du thé, du lait ?

    Elle ouvre les persiennes, tapotte mon oreiller, pose le plateau un peu trop loin, ce qui m'oblige à des contorsions douloureuses interdites par mon chirurgien." (extrait page 15)

 

Ça s'appelle peut-être "tirer sur l'ambulance" mais que c'est drôle !!!

 

-> Bon rétablissement, Marie-Sabine Roger, Le Rouergue, 18,80 €.

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Découvrez l'actualité de la librairie du Parc / Actes Sud : nos coups de coeur , nos dédicaces...
Vous trouverez de tout (et surtout votre bonheur!) à la librairie du Parc, et pas uniquement les livres des éditions Actes Sud. Ici on aime la littérature, les livres pour enfants, la bande-dessinée, les sciences-humaines... Bref, tout ce qui est beau et bien écrit ! Venez découvrir notre quotidien !
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Les prix : la loi dite Loi Lang a fixé le prix unique du livre, celui établi par l'éditeur.

Notre coup de coeur du moment !

 Orphelins de Dieu

Orphelins de DieuMarc Biancarelli, Actes Sud, 20€