Nick Meehan intègre une nouvelle brigade du NYPD et devient le coéquipier d'un certain Esposito. Autant Meehan est discret, autant Esposito est grande gueule, roublard... Et c'est bien cette grande gueule qui lui cause des problèmes puisque les services internes ont en fait missionné Meehan pour espionner Esposito afin de le faire tomber.
Rouge sur rouge est le premier roman d'Edward Conlon, ancien policier au NYPD, et cela se sent dans l'extrême réalisme dont est empreint ce livre, un réalisme qui n'est pas sans rappeler celui des romans de Mankell, où tous les détails ont leur importance, même anodine, et nous permettent de pénétrer dans les mécanismes du métier de policier. Car finalement, le sujet principal de ce roman est le duo, ce fameux binôme d'enquêteurs que l'on voit dans bon nombre de séries policières. Comment se constitue-t-il ? Comment fonctionne-t-il ? Ou pas ?
Rouge sur rouge pourrait presque se lire comme un documentaire sociologique sur la condition policière.
-> Rouge sur rouge, Edward Conlon, Actes Sud, 23,80€.
-> Lien vers le site de l'éditeur.
Il porta son regard vers le sud de la ville, l’Empire State Building, le Chrysler Building, les autres tours sans nom qui se profilaient au loin pour former la ligne d’horizon, un horizon restreint. On y prenait rendez-vous pour des cocktails ou des dîners. On commandait des voitures, des femmes. Des milliards de dollars changeaient de mains par le truchement de signaux électroniques. On signait des contrats. On portait des toasts. On passait des accords, qui se soldaient par des embrassades et des signatures, pour un nouveau visage à un million de dollars emblématiques d’une campagne pour un parfum, un barrage hydroélectrique au Pérou, un contrat placé sur la tête de quelqu’un dans le New Jersey. Dans la 47e rue, cinq cents personnes en train d’acheter une bague de fiançailles découvraient les notions de pureté, de carats et de taille ; à quelques pâtés de maisons à l’ouest, des hommes s’offraient un câlin avec des prostitués travestis dans des chambres de motels loués à l’heure. Plus au sud, on rédigeait des éditoriaux qui seraient lus dans toutes les capitales du monde et donneraient lieu à des appels téléphoniques furieux de la Maison Blanche. Cette ville était le monde. »