Les autonautes de la cosmoroute, Carol Dunlop & Julio Cortazar

En mai 1982, Julio Cortazar et sa compagne Carol Dunlop décident d'entreprendre un voyage pour le moins original : la traversée de la fameuse autouroute du Sud, l'A6, qui relie Paris à Marseille, en Combi Volkswagen, prénommé Fafnir (le gragon wagnérien !).

Rien de bien exotique me direz-vous mais c'est sans compter sur l'originalité de ces deux auteurs.

D'abord, ce voyage obéit à certaines règles précises : ils ne quitteront jamais l'autoroute, et s'arrêteront  chaque jour sur deux aires de repos. A ce rythme, les auteurs ont calculé que le voyage devrait durer un mois (à l'époque, il est interdit de rester plus de vingt-quatre heures sur une aire d'autoroute. Je ne sais pas si cette interdiction est encore d'actualité...).

Un journal de bord détaillé est écrit, avec moults précisions scientifiques (sur la faune, la flore..), photos, dessins et menus du jour. De nombreux amis se relaient tout le long du voyage pour apporter des vivres supplémentaires aux explorateurs, ou leur passer un petit coucou.

Tout est prétexte au jeu, à l'émerveillement, à l'amusement, et c'est ce qui fait de ce livre une aventure extrêmement joyeuse, où l'imaginaire et le rêve sont présents même dans les choses les plus banales.

Alors, je vous invite fortement à lire cette aventure littéraire sans plus attendre, pour (re)découvrir une des oeuvres de Julio Cortazar, dont on fête d'ailleurs le centenaire de la naissance cette année.

-> Les autonautes de la cosmoroute ou un voyage intemporel Paris-Marseille, Carol Dunlop & Julio Cortazar, éditions Gallimard, 25€.

-> Lien vers le site de l'éditeur.

Cette autoroute parallèle que nous cherchons n’existe peut-être que dans l’imagination de ceux qui en rêvent – mais si elle existe (il est trop tôt pour lancer des affirmations catégoriques, cependant on dirait bien que nous y sommes depuis vingt-quatre heures ; que le lecteur sceptique songe, avant de rayer de la réalité cette nouvelle voie en éliminant le peut-être de la phrase, que nous disparaîtrons peut-être avec lui ; qu’il patiente donc, qu’il attende au moins que nous ayons pu rassembler des preuves) – si elle existe, donc elle comporte non seulement un espace physique autre, mais aussi un autre temps. Cosmonautes de l’autoroute, à la façon des voyageurs interplanétaires qui observent de loin le vieillissement rapide de ceux qui sont encore soumis aux lois du temps terrestre, qu’allons-nous découvrir en retrouvant ce rythme de chameau après tant de voyage en avion, en métro, en train ? (…) Autonautes de la cosmoroute, dit Julio. L’autre chemin, et cependant le même.»

Extrait page 40