Comme les femmes sont à l'honneur au Printemps des Poètes 2010, nous avons décidé d'organiser une rencontre autour d'une anthologie de femmes poètes intitulée Côté
femmes, d'un poème l'autre, aux éditions Espace Libre (une maison d'éditions algérienne).
Le mercredi 31 mars, à partir de 19h30, la librairie accueillera Leili Anvar, Aïcha Arnaout (sous réserve), Françoise Ascal, Zineb Laouedj, Cécile
Oumhani, Sabine Péglion et Isabelle Raviolo pour nous faire une lecture de leurs poèmes parus dans cet ouvrage.
Comme le dit Cécile Oumhani dans l'introduction de ce recueil :
"Parler du silence des femmes est parfois perçu comme un
lieu commun. Réduire cette question à une banalité ennuyeuse est, je le crois, une sournoise façon de taire ce qui perdure trop souvent. Il faudra encore longtemps débattre et discuter âprement
pour que les voix de femmes s’élèvent et résonnent pleinement. Et le jour viendra où cette situation appartiendra vraiment au passé. On se la rappellera alors comme étroitement liée à des conditions sociales et historiques révolues. (...)
Briser le silence, c’est laisser jaillir le poème, les poèmes, leurs poèmes... Cette anthologie est un voyage
dans des régions dont le cœur proche et plus lointain se situe en Méditerranée. Il emprunte des routes qui vont des Balkans au Proche-Orient,
jusqu’en Afghanistan puis reviennent au Maghreb, à l’Espagne, l’Italie et la France. Il fait des
incursions dans le passé à travers les voix anonymes de la tradition orale algérienne. Il s’arrête sur l’exil de poètes dont le parcours s’est inscrit entre les lieux, entre les langues, à Paris
ou à New York. Il rencontre des femmes, assoiffées de dialogue et d’avenir, dont les pays sortent de guerres meurtrières. Certaines ont eu des
destins tragiques, d’autres vivent tout simplement en poésie. Il donne la parole à des femmes d’aujourd’hui et d’hier, éprises d’écriture et de mots,
où qu’elles se trouvent, qu’elles soient très connues ou moins connues. Il poursuit ses chemins nomades dans des pages où il n’est qu’une langue, celle du poème qui s’élève, à travers le prisme
des autres."
En guise de mise en bouche, voici un poème de Nadia Anjuman (traduit par Leili Anvar), journaliste et
poétesse afghane, décédée à 25 ans, battue à mort par son mari...
ILLUMINATION
Voici la nuit: la poésie illumine mes instants
Voici l'exaltation qui peigne mes cordes vocales
Quel est ce feu, merveille étrange, qui m'abreuve ?
Voici que le parfum de l'âme embaume le corps de mes rêves
Je ne sais de quelle montagne, de quel sommet d'espoir
Voici que souffle une brise nouvelle sur la saison de ma fin
Du halo de lumière me vient une transparence, luminescence
Voici que n'ont plus d'autre désir mes larmes et mes soupirs
Les étincelles de mes plaintes font une poussière d'étoile
Voici que la colombe de mes prières fait son nid dans l'empyrée
Mes larmes incontrôlées sur les lignes de mon livre
Voici qu'elles tombent, goutte à goutte, vois-tu, ô mon Dieu
De mes paroles dans un cahier, de mes mots tumultueux
Voici que gronde une tourmente, fruit de mon silence obstiné
Aube, chère aube, ne déchire pas la soie de mon imaginaire
Voici que je suis plus heureuse la nuit, quand poésie illumine mes instants.
-> Côté femmes, d'un poème l'autre, un anthologie de poèmes rassemblés par Cécile Oumhani et Zineb Laouedj, éditions Espace Libre, à
paraître le 20 mars.