"Ton destin est maudit. Tu n'es que le maillon d'une chaîne de douleur qui emprisonne quelqu'un."
Ce roman policier est l'histoire d'une vengeance, qui entraîne dans son sillage différentes époques et différents personnages.
Le point de départ : l'Espagne pendant la seconde guerre mondiale. Une belle femme, Isabel Mola, épouse d'un sbire de Franco, attend un train avec son petit garçon Andrés. Elle a décidé de quitter son mari. Mais un homme va les empêcher de partir. Pour amadouer Andrés, il lui offre un sabre de samouraï.
Bien des années plus tard, en 1981, on retrouve une autre femme, Maria. Elle est à l'hôpital, atteinte d'une tumeur au cerveau. Un policier est auprès d'elle et tente de lui soutirer des informations...
Quelques temps auparavant, Maria, avocate, a vu sa carrière s'envoler en participant à un procès retentissant. Elle a fait condamner un policier, Cesar Alcalá. Il était accusé d'avoir tué un homme, pensant qu'il détenait des informations sur l'enlèvement de sa fille Marta. Mais curieusement, personne ne semble se préoccuper de cet enlèvement. Tout concourt juste à le mettre derrière les barreaux... Peut-être que Maria a juste été l'instrument d'un plan dont elle ne soupçonnait pas encore les implications dans sa vie et dans sa propre histoire familiale...
Quel est le lien entre ces deux époques ? C'est là tout le talent de l'auteur, qui tire extrêmement bien les ficelles de cette histoire, sombre de bout en bout.
"- C'est une épée magnifique, mais je n'ai jamais compris pourquoi tu l'as baptisée de ce nom si poétique : La Tristesse du Samouraï.
Gabriel haussa les épaules. En réalité, un katana n'était pas une épée, mais un sabre.
- Il est beaucoup plus mortel et maniable qu'une épée. L'épée frappe. Le sabre tranche, dit-il sur un ton professionnel, sans émotion. Quant au nom, il n'est pas de moi. C'est celui que portait l'original dont je me suis inspiré. Il appartenait à Toshi Yamato, un samouraï du XVIIème siècle, un des guerriers les plus sanguinaires de son temps, vénéré pour sa vigueur et sa cruauté au combat. En réalité, Yamato détestait la guerre, il avait la nausée à l'idée d'empoigner son katana et d'affronter ses ennemis. Il avait peur de mourir. Il parvint à réfréner sa vraie nature pendant la plus grande partie de son existence, mais à la fin, incapable de supporter cette farce, vaincu par lui-même dans sa lutte pour devenir celui qu'il ne pouvait être, il décida de se suicider rituellement. Ce rituel, le seppuku, est très douloureux : il consiste à se pratiquer plusieurs incisions dans le ventre. Le suicidé peut agoniser pendant des heures, les tripes à l'air. Heureusement pour Yamato, un de ses fidèles le trouva à l'agonie, eut pitié et le décapita avec son propre katana. D'où son nom, La Tristesse du Samouraï. Cette arme incarne les plus belles qualités du guerrier : courage, loyauté, ardeur, élégance, précision et pouvoir, et en même temps elle évoque le pire : mort, douleur, souffrance, folie meurtrière." (extrait page 238)
-> La Tristesse du Samouraï, Victor Del Árbol, 22.50€, à paraître courant janvier 2012.