Suite à un accident grave de voyageur... Une phrase que nous avons tous entendu au moins une fois, parisiens ou banlieusards, en prenant les transports en commun.
Suite à une vague de suicides sur sa ligne de RER, Éric Fottorino s'interroge sur ces personnes qui ont mis fin à leurs jours : un vieillard malade, un homme à l'identité restée inconnue et une jeune mère de famille...
Ces accidents sont souvent tus dans les médias, pourtant pas avares de faits divers, ou sont alors considérés par les voyageurs comme une perte de temps. La pritorité est de rétablir le trafic, on envisage même de ne plus faire intervenir un médecin légiste, cause principale du retard. Car finalement, à quoi bon se préoccuper d'un cadavre : il n'y a rien à sauver.
Il s'interroge alors sur la place faite au suicide dans notre société : la mort, le suicide, derniers tabous, qui vont peut-être disparaître, au nom d'une «efficacité» encore plus accrue.
La vie n'attends pas, mais, finalement que peut-on attendre d'une société qui fait une croix sur les plus faibles ?
Un très court texte, une soixantaine de pages, qui se veut un appel pour justement ne pas oublier ces oubliés et ne pas nous cacher derrière nos préoccupations du quotidien...
«L'échelle des priorités s'imposait dans sa crudité, dans sa cruauté. Le suicide sur les voies n'est pas une vie perdue. C'est du temps perdu. L'existence de tous est contrariée par la défaillance d'un seul. Des retards. Des arrêts inopinés. Des trains qui n'arriveront pas à l'heure. Il faut aller vite. S'assurer que le trafic peut être rétabli. En suggérant d'écarter le légiste, on réduit cette mort-là au fauchage d'un chevreuil. La mort est passée, la vie est pressée.»
Extrait page 26.
-> Suite à un accident grave de voyageur, Éric Fottorino, Gallimard, 8.20€.