Le livre commence par un drame, alors que le jeune Théodore visite le Metropolitan Museum à New-York en compagnie de sa mère. Soudain, une explosion. Théo fait partie des rares survivants. Dans la confusion, il emporte avec lui un tableau, Le Chardonneret, qu'un vieux monsieur à l'agonie lui a demandé de sauver.
Recueilli pendant quelques semaines par la famille Barbour, chez un copain de classe, il est ensuite "récupéré" par son père, qui avait fui le foyer familial sans donner de nouvelles, et qui gère des affaires fumeuses à Las Vegas... ll fait alors la connaissance de Boris, un jeune ukrainien désabusé au père alcoolique et violent. Les deux adolescents étant totalement laissés à l'abandon, ils en profitent pour expérimenter moults alcools et drogues.
Pendant toutes ses pérégrinations, jusqu'à son retour à New-York, Théo n'aura de cesse de cacher son secret, le "vol" de cette toile, tout en étant torturé par les circonstances de la mort de sa mère durant cette explosion...
J'avais été très emballée par la lecture du premier roman de Donna Tartt, Le maître des illusions, il y a de cela un siècle, et je dois dire qu'elle m'a à nouveau embarquée dans son récit. Outre ce talent si américain à faire avaler près de 800 pages, elle nous entraîne dans le sillage de Théo, dont le mal-être et la culpabilité vont croissant.
Un récit d'une incroyable maîtrise, à l'efficacité diabolique !
-> Le Chardonneret, Donna Tartt, éditions Plon, 23€.
-> Lien vers le site de l'éditeur.
La plupart des gens semblaient satisfaits du mince vernis décoratif et de l’éclairage de scène artistique qui, parfois, rendaient l’atrocité basique de la condition humaine plus mystérieuse ou moins odieuse. Les gens s’adonnaient au jeu, au golf, travaillaient, priaient, plantaient des jardins, vendaient des actions, copulaient, achetaient de nouvelles voitures, pratiquaient le yoga, redécoraient leurs maisons, s’énervaient devant les infos, s’inquiétaient pour leurs enfants, cancanaient sur leurs voisins, dévoraient les critiques de restaurants, fondaient des organisations caritatives, soutenaient des campagnes politiques, assistaient aux matches de tennis de l’US Open, dînaient, voyageaient et se distrayaient avec toutes sortes de gadgets et de trucs, se noyant sans cesse dans l’information, les textos, la communication et la distractions tous azimuts pour tenter d’oublier : où nous étions et ce que nous étions. Mais sous une forte lumière il n’y avait rien de positif à voir. C’était pourri de A à Z. Faire vos heures au bureau ; pondre consciencieusement vos 2,5 enfants ; sourire poliment au moment de votre départ à la retraite ; puis mâchouiller votre drap et vous étouffer sur vos pêches au sirop en maison du même nom. Mieux valait ne jamais être né – ne jamais avoir désiré quoi que ce soit, ne jamais avoir rien espéré. »